Le texte ci-dessous est tiré du livre La France à tire-d'aile (2005) de Philippe J. Dubois & Elise Rousseau, chez Delachaux et Niestlé, reproduit avec l'autorisation de l'éditeur et des auteurs.
L’environnement et le cadre naturel du site
La station balnéaire de Brignogan-Plage se situe dans le nord du Finistère et plus particulièrement dans le pays de Léon, à l’ouest de la baie de Goulven (bien connue pour sa richesse ornithologique) et à l’est des Abers. Le site est l’un des meilleurs de la côte bretonne pour la migration automnale des oiseaux marins (seawatching).
Historique du suivi
Prospecté pour la première fois à la fin des années 1970 par quelques ornithologues bretons, il n’a malheureusement pas fait l’objet d’un suivi très régulier. Néanmoins, les courts séjours effectués par les ornithologues montrent clairement les potentialités du site. A l’automne de 1988, particulièrement, un suivi plus régulier a permis justement de prendre la mesure de l’intérêt du sémaphore de Brignogan.
Calendrier de la migration
Par sa situation dans la Manche occidentale, ce site est à la croisée de deux flux migratoires, un peu à l’image de ce qui est noté sur celui de Gatteville. D’une part se déroule le passage automnal des oiseaux venus de la mer du Nord et qui rejoignent alors l’Atlantique pour passer la période internuptiale. D’autre part, à la faveur de coups de vent ou tempêtes de secteur ouest, des oiseaux marins stationnant dans le proche Atlantique sont poussés vers l’est et entrent dans le détroit de la Manche jusqu’au Cotentin. Là, ils « butent » sur cette péninsule et retournent alors vers l’Atlantique. Il semble bien qu’en entrant dans la Manche, avec les dépressions, et poussés par des vents de sud-ouest, les oiseaux longent plutôt les côtes britanniques, tandis qu’ils redescendent (avec des vents de nord-ouest) en passant au plus près des côtes françaises. Le site de Brignogan est particulièrement bien placé car il est situé juste à l’ouest de la baie de Goulven. Les oiseaux marins, longeant les côtes vers l’ouest, ont sans doute tendance à pénétrer un peu dans cette baie, soit naturellement pour y chercher un abri provisoire, soit simplement poussés par les forts vents. Quoi qu’il en soit, lorsqu’ils en ressortent, ils longent la côte au plus près, c’est-à-dire à l’aplomb du sémaphore. C’est pourquoi il est fréquent d’observer fous, puffins, labbes ou sternes extrêmement près de la côte, parfois au pied des rochers !
Le sémaphore de Brignogan a pour lui quelques particularités. Sa situation géographique permet d’observer, en automne (de fin août à début novembre), des oiseaux originaires de l’Atlantique, bien souvent peu ou pas visibles sur les côtes occidentales françaises. A la suite de forts coups de vent liés à des dépressions atlantiques, on peut guetter des dizaines (voire des centaines) de Puffins fuligineux, accompagnés de Puffins des Anglais et des Baléares. De même, les labbes (notamment le Grand Labbe), s’observent en grand nombre, en même temps que le Fous de Bassan et les Mouettes tridactyles. Des espèces plus rares, comme l’Océanite culblanc, le Phalarope à bec large ou la Mouette de Sabine, sont vues à ces occasions (parfois plusieurs dizaines d’individus). Venant probablement de la mer du Nord et de la Manche orientale, les sternes sont nombreuses à défiler à l’automne devant le sémaphore. Parmi elles, la Sterne arctique passe parfois par centaines (des oiseaux de cette espèce viennent peut-être de l’Atlantique avec les tempêtes). Brignogan est sans doute l’un des meilleurs sites français pour observer cette sterne en nombre et dans de bonnes conditions. Les labbes des quatre espèces passent également ici, y compris le rare Labbe à longue queue. De même, c’est un bon site, en fin d’été, pour voir la Sterne de Dougall qui niche en effectifs réduits un plus à l’est, sur la côte bretonne. En été, également, et à l’occasion d’afflux d’oiseaux vers le nord, des Puffins cendrés croisent jusqu’ici (parfois quelques dizaines, mais jusqu’à 1500 en août 1980). Le Puffin des Baléares, quant à lui, remontant à cette époque de l’année de la Méditerranée, s’aventure jusqu’en baie du Mont-Saint-Michel. Aussi est-il d’observation régulière devant le sémaphore de Brignogan. Les tempêtes de fin d’automne et d’hiver ramènent à la côte non seulement des Fous, des Grands Labbes et des Mouettes tridactyles, mais aussi quantité de Mouettes pygmées et d’alcidés (Guillemots de Troïl, Pingouins torda et, en nombre plus restreint, Macareux moines). Le Guillemot à miroir a déjà été signalé sur le site. En hiver, le site permet d’observer des alcidés, ainsi que des plongeons et des grèbes, parfois proches du bord. La migration des autres oiseaux (passereaux notamment) n’est pas connue avec précision. Il est tout à fait possible qu’elle ne soit pas négligeable en septembre et octobre, vu la configuration du site. Des buissons autour du sémaphore offrent également un lieu d’escale pour les migrateurs.
Suivi de la migration sur le site de seawatching de Brignogan (29): année 2011
Avec plus de 200 heures de suivi et près de 78 000 oiseaux comptabilisés, l’année 2011 est la meilleure année en termes de suivi du site, du fait de la participation active de nouveaux spotteurs. Ce suivi à permis de noter à nouveau de très beaux effectifs de pélagiques, avec 1041 Puffins fuligineux, 2282 Puffins des Anglais, 1774 Puffins des Baléares, 5 Puffins majeurs et 2 cendrés, 125 Océanites tempêtes et 9 culblancs, ainsi que 33 Mouettes de Sabine … Egalement de beaux effectifs de labbes, avec 1161 Grands Labbes, 416 Labbes parasites, 81 Labbes pomarins, mais 1 seul Labbe à longue queue. Quatre espèces concentrent plus de 75% des effectifs, dont 31000 individus pour le Fou de Bassan, 20000 pour le Pingouin torda et le Guillemot de troïl et 8000 pour la Mouette tridactyle. Côté sternes, ce sont 3400 Sternes pierregarins, 2232 Sternes caugeks, 111 Sternes arctiques, 23 Sternes naines, 2 Sternes de Dougalls et 135 Guifettes noires qui sont comptabilisées. Côté limicoles, le site voit passer de beaux effectifs de Barges rousses, avec 985 individus, 830 pour le Pluvier argenté et 254 pour le Bécasseau maubèche… A noter également 18 Phalaropes à bec large. Côté anatidés, la Macreuse noire est l’anatidé le plus noté avec 635 individus, 310 pour la Sarcelle d’hiver, 61 Canards pilets, 52 Canards siffleurs et 38 Canards souchets… Contrairement aux autres sites de la Manche orientale, les anatidés et les plongeons passent en faibles effectifs. Avec un minimum de 87 espèces notées en migration active, le site voit donc passer une belle diversité, essentiellement durant la migration postnuptiale (d’août à décembre), avec des journées mémorables ou passent des milliers à dizaines de milliers d’oiseaux.
Météo
Comme pour les autres sites côtiers du nord de la France, ce sont les dépressions venues de l’Atlantique, et notamment les « traînes » générant de forts vents de nord-ouest, qui constituent les meilleures conditions pour observer le passage d’oiseaux marins (cf. la jetée du Clipon).
Modalités d’accueil
Pas d’accueil mais suivi régulier du site par quelques ornithos locaux depuis dix ans.
Accès
Du village de Brignogan, prendre la direction du « menhir » bien indiqué dans le centre-ville. Au croisement du menhir prendre à droite, vers la mer et le centre de vacances Les Chardons Bleus. Le nouveau sémaphore se situe au bout de la route, sur la droite, à quelques centaines de mètres à l’est de la chapelle Paol. On peut observer la migration devant le sémaphore, à l’abri des rochers, notamment quand le vent de secteur ouest souffle fort.
Hébergement
Il y a un camping à quelques dizaines de mètres du sémaphore. De même, plusieurs petits hôtels se trouvent à Brignogan ainsi que de nombreuses maisons de location à la semaine (se renseigner à l’office de tourisme). Il est aussi possible de louer un appartement à la semaine au centre de vacances des Chardons bleus qui se trouve à… une minute à pied du sémaphore !
Contacts
Les observations effectuées sur place sont à envoyer à Sébastien Mauvieux mailto:sebastien.mauvieux@neuf.fr et le Groupe ornithologique breton (GOB) : Centre Ti ar Vro – 6, place des Droits-de-l’Homme – BP 103 – 29833 Carhaix. Tél. : 02 97 02 12 96. E-mail : mailto:gob@gob.fr; site internet : http://www.gob.fr
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